Informatique sans ordinateur à l’école… ou ailleurs !
L’informatique s’apprend bien … sans ordinateur, de manière débranchée, pour prendre du recul par rapport à l’activité de programmation, manipuler les notions abstraites de l’informatique à travers des objets du quotidien, apprendre en jouant, collectivement et se décollant des écrans. C’est quelque chose que l’on sait bien maintenant. Mais … est-ce si récent ? Pas tout à fait, écoutons Roland.
Bonjour Roland Grosperrin, qui es tu ?
Instituteur depuis 1963, je deviens professeur de français-histoire-géographie à la fin des années 60. En 1970, à l’occasion de la rédaction d’une thèse de géographie rurale et débordé par le traitement statistique des données, j’utilise l’informatique pour le traitement de ces données : langage Fortran avec cartes perforées sur IBM 1130. Je suis conquis par l’approche algorithmique permettant la décomposition d’une difficulté en instructions élémentaires conditionnelles, répétitives, composées. Je mesure alors l’intérêt de cette approche algorithmique pour aider mes élèves à décomposer une difficulté grammaticale, à conduire une analyse géographique… Avec eux, nous concevons nos premiers organigrammes pédagogiques étayés par les “Si…alors…sinon…”, “Tant que…faire…”, “Début…Fin” !
Tu veux dire qu’il y plus d’un demi siècle tu commençais à partager la pensée informatique ?
Mes essais pédagogiques sont repérés par des membres de l’INRP et en 1974/1975 je suis détaché pendant un an à l’ENSIMAG (Ecole Nationale Supérieure d’Informatique et de Mathématique Appliqués de Grenoble) J’y reçois une formation à l’algorithmique par des professeurs qui me passionnent : Jean Kunstmann, Michel Lucas, P.C. Scholl, …
Je continue à enseigner à mes élèves de collège tout en bénéficiant d’une décharge partielle de service jusqu’en 1980 : j’anime dans les Bouches-du-Rhône des réunions pédagogiques de professeurs sur l’utilisation des premiers ordinateurs équipant les établissements, TO7 et autres… Je ne manque pas de les initier à cette approche algorithmique des difficultés qu’ils ont à enseigner dans leurs disciplines respectives !
En 1980, je suis reçu au concours d’Inspecteur Départemental de l’Education Nationale. Au cours de ma formation de deux années, je rédige pour les besoins de la formation de Professeurs d’Ecole Normale, “Initiation à l’informatique. Démarche algorithmique” (INRP, Média formation, 1981).
Mais et l’informatique débranchée dans tout ça ?
J’exerce comme Inspecteur à Lyon à partir de 1982. Avec le Conseiller pédagogique de la circonscription dont je suis responsable, Guy Crozet, j’anime des conférences pédagogiques sur une approche algorithmique de la pédagogie. Des instituteurs la mettent en pratique dans leur classe de l’école élémentaire et voici pour les accompagner dans leurs recherches, cet ouvrage publié en 1987 par le CRDP de Lyon : “Informatique sans ordinateur à l’école…ou ailleurs : documents pour suggérer des activités autour de l’ordinateur, aider à les conduire, en susciter d’autres”.
Ma carrière s’est poursuivie à Marseille comme Inspecteur Professeur à l’Ecole Normale d’Instituteurs pendant cinq ans : j’ai alors animé une équipe d’une vingtaine d’instituteurs détachés à l’informatique dont la mission consistait à aider leurs collègues à exploiter les équipements mis en place dans les écoles des Bouches-du-Rhône. Avec eux, j’ai continué à propager cette approche pédagogique algorithmique et j’ai initié une utilisation du Minitel pour l’histoire et la géographie de Marseille préfigurant les possibilités d’Internet ! Enfin j’ai été responsable pendant douze ans de ZEP des quartiers Nord de Marseille où je n’ai pas manqué de continuer à enfourcher mon “dada” lors de conférences pédagogiques !
C’est énorme, et aujourd’hui, pourrions nous profiter de ce livre ?
Oui regarde le voilà au bout de ce lien. Pas d’erreur ! Peu importe d’établir on ne sait quelle antériorité …
Oui Roland, au contraire, le regard d’il y a 35 ans des auteurs est évidemment différent du nôtre et c’est dans cette complémentarité que me semble être tout l’intérêt de cette lecture.
Texte de Roland Grosperrin, mis sous forme d’interview pour pixees.fr
Dernière modification : octobre 2017.