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Eclairage scientifique – Les métiers de l’informatique

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L’informatique et les sciences du numériques sont au coeur d’un bouleversement complet de notre économie. Dans tous les secteurs, des métiers disparaissent ou sont amenés à disparaître (dactylographe, par exemple… ou chauffeur de taxi d’ici quelques années), de nouveaux métiers émergent (datascientist…), et presque tous sont profondément impactés (du boulanger à l’enseignant en passant par le médecin) [Lire, par exemple, le rapport de France Stratégie « Les métiers en 2022 » publié en avril 2015].

Au-delà de cette évolution d’ensemble, quels sont les métiers spécifiques de l’informatique ? Ils sont eux-mêmes très variés et couvrent de nombreux secteurs d’activité, à tel point que le terme « informaticien », très en vogue dans les années 1980 pour désigner toute personne exerçant un métier en rapport avec l’informatique, est aujourd’hui tombé en désuétude. On lui préfère des termes plus spécialisés : analyste-programmeur, architecte de systèmes d’information, game designer…

L’association Pasc@line classe les métiers du numérique selon 7 grandes catégories :

  •  la programmation et le développement ;
  •  la formation et l’assistance ;
  •  la conception et la gestion de projet ;
  •  les infrastructures et les réseaux ;
  •  la communication et le marketing ;
  •  le pilotage et le management ;
  •  l’expertise, l’enseignement et la recherche.

Si la plupart des recrutements actuels concernent des diplômés bac+5 (diplôme d’ingénieur, master…), de nombreux métiers sont accessibles depuis des formations de niveau bac + 2/3 (BTS, DUT, licence pro). Ci-dessous, nous proposons quelques éclairages sur certains de ces métiers, sous la forme de courts témoignages.

Focus : chercheur en informatique, un métier à multiples facettes

Chercheur en informatique est un terme générique qui recouvre des réalités très différentes selon que l’on travaille, par exemple, sur le big-data, les robots ou la cryptographie.

Témoignage n°1 : Florent Masseglia, chercheur en analyse de données, Inria.

Après une thèse soutenue en 2001, j'ai obtenu un poste de chercheur Inria à Sophia-Antipolis. J'y ai travaillé pendant 8 ans sur de l'analyse de données, principalement appliquée aux usages. Il s'agissait de comprendre des comportements utilisateurs pour optimiser des systèmes (par exemple un site Web) et les rendre plus adaptés à ces comportements. En 2010, j'ai déménagé pour Montpellier, toujours chez Inria, dans une équipe qui travaille avec des scientifiques de diverses disciplines. J'y fais toujours de l'analyse de données, mais au lieu d'aider les systèmes à s'adapter aux utilisateurs, j'aide les scientifiques à mieux comprendre leurs données (par exemple, pour un agronome, comment poussent ses plantes, alors qu'elles sont observées par milliers). La masse des données est telle qu'il faut distribuer les calculs sur des dizaines ou des centaines de machines et le challenge est passionnant.
J'aime beaucoup d'aspects de ce métier. D'abord, c'est un vrai travail d'équipe, où les compétences de chacun sont bien mises en œuvre. J'aime aussi le fait qu'on ne peut pas se reposer sur ses lauriers, il y aura toujours plus fort, plus malin, plus efficace... c'est stimulant. Il y a aussi le fait de me sentir utile pour la société. Enfin, j’investis beaucoup de temps dans la médiation scientifique. Pour expliquer mon domaine de recherche, ou l'informatique en général, au grand public. C'est très enrichissant d'écouter des personnes de tous horizons donner leur point de vue sur ce qu'on fait en recherche. Et puis, je suis payé avec leurs impôts alors... je leur dois bien ça !

Témoignage n°2 : Adeline Langlois, chercheuse en cryptographie, CNRS

Je suis chercheuse au CNRS depuis un peu plus d'un an. C'est un long parcours qui m'a permis d'avoir ce poste : après une classe préparatoire scientifique, j'ai intégré l'ENS de Rennes, où j'ai préparé une licence puis un master d'informatique, découvrant peu à peu la recherche pendant des stages. J'ai ensuite fait trois ans de doctorat à Lyon et une année de post-doctorat en Suisse.
Mon domaine de recherche est une nouvelle branche de la cryptographie qui pourrait devenir une alternative si, dans quelques années, celle que nous utilisons aujourd'hui devait devenir obsolète à cause de l’avènement des ordinateurs quantiques. Je cherche donc à construire et à garantir la sécurité des échanges d’information de demain.
Il y a différents aspects que j'aime beaucoup dans ce métier, le premier est la stimulation intellectuelle due à la recherche : toujours se poser des questions, réfléchir à des nouvelles solutions... J'aime ensuite le côté collaboratif : la recherche avance bien mieux quand on travaille à plusieurs, et quand on réfléchit ensemble, avec des étudiants ou d’autres chercheurs. Enfin il y a les voyages : la recherche n'a pas de frontière, et permet de collaborer avec des chercheurs de toutes cultures et de tous horizons. Pendant ma thèse j'ai eu la chance de passer 6 mois en Australie et plusieurs semaines à Singapour, mais aussi d'aller à des conférences partout dans le monde pour présenter mes travaux.

Focus : quels sont les métiers derrière un site Web ?

Derrière un site Web se cachent de nombreux métiers bien différents : ergonome, web-designer, intégrateur, développeur, administrateur de base de données, chargé de référencement,  administrateur réseau, responsable sécurité, chef de projet, animateur de communauté, webmestre…

Témoignage n°3 : Olivier Pourvellarie, développeur Web, indépendant

Après 5 années d'études sur les réseaux, les langages de programmation et les bases de données, je me suis orienté vers le développement web. Pour moi le web était une découverte car au début des années 2000, tout était à faire. Etre un acteur de la révolution Internet est toujours aussi passionnant.
Ce qui est intéressant dans le web, c'est la diversité des langages de programmation que l'on y rencontre, comme le PHP (langage objet), le JavaScript (procédural), le html (balise), le CSS (styles), le SQL (les bases de données). C'est donc un métier où l'on ne reste pas à faire tout le temps la même chose.
Le développeur web doit savoir travailler avec des équipes de designer, rédacteurs, communicants, etc. qui ne comprennent pas forcément son métier, et réciproquement. Il doit donc être pédagogue pour expliquer ses besoins, ses contraintes et former les utilisateurs.  Cette occasion de s’immerger dans des domaines nouveaux est très enrichissante sur le plan personnel.

Témoignage n°4 : Edouard Fajnzilberg, directeur technique, Kernel 42

Pour moi, tout a commencé au collège quand j’ai  voulu faire mes premiers sites web. J’ai découvert HTML, puis PHP. Au lycée, j’ai utilisé des cours en ligne et des tutos pour apprendre d’autres langages (C, C++) et la modélisation, ce qui m’a beaucoup aidé quand j’ai intégré Epitech, une école très exigeante qui délivre un diplôme bac+5 en informatique. En 3ème année, on a fondé notre entreprise (Kernel 42) avec Dorian Marchand, un copain de promo. C’était musclé, car il fallait gérer l’école et la boîte en même temps. Au début, on n’avait même pas de local, et j’étais tout seul à m’occuper du développement. On a intégré une pépinière d’entreprise, et une grosse boîte a investi pour qu’on se développe. Aujourd’hui, on a des bureaux à Paris et l’entreprise compte 8 salariés en CDI. Je ne fais presque plus de développement, mais de la conception, de l’architecture (logicielle, applicative, et matérielle). En tant que directeur technique, je veille aux processus d’industrialisation et je m’occupe aussi des recrutements et de la formation de nos développeurs.
Ce que j’aime le plus dans ce métier, c’est qu’on est sans cesse confrontés à de nouveaux problèmes qu’il faut chercher à résoudre. Et, comme les technologies web changent tous les ans, il faut rester au top : on apprend tous les jours !
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Focus : quels sont les métiers derrière un jeu vidéo ?

Première industrie culturelle par son chiffre d’affaire en France, l’industrie du jeu vidéo regroupe des dizaines de métiers très variés, que l’on peut regrouper en 4 grandes familles :

  • conception du jeu (game designer, scénariste, level designer, sound designer, chef de projet…)
  • graphisme (animateur 2D/3D, graphiste, spécialiste effets spéciaux, directeur artistique…)
  • programmation (développeur, testeur, directeur technique…)
  • marketing (community manager, vendeur, data analyst…).

Témoignage n°5 : Gaëlle Oliveau, Game Designeuse, Manzalab

Venant d'une filière artistique et diplômée d’un mastère de Game Design en 2015, mon crédo est l'apprentissage par le jeu. J’ai décidé de me plonger dans le monde des jeux vidéo éducatifs suite à la découverte du jeu " Ludomedic " qui s’adresse à des enfants hospitalisés.
Je travaille pour des clients ou pour des projets de recherche français ou étrangers. Je conçois les « racines » des projets de jeu, en harmonisant le côté ludique et le côté éducatif, et je supervise les équipes Assurance Qualité qui permettent de garantir un contenu conforme au design attendu. Ce que j’aime dans le travail de Game Designer, c’est le fait de travailler avec des interlocuteurs différents : développeurs, graphistes, scénaristes, etc.

Cette galerie de portrait ne serait pas complète sans un témoignage lié à l’éducation : formation d’adulte, enseignement, médiation... l’apprentissage des sciences informatiques dès le plus jeune âge mobilise de nombreux acteurs.

Témoignage n°6 : Romain Liblau, responsable pédagogique, Magic Makers

Après avoir passé mon adolescence à chercher des tutoriels de programmation (souvent mal écrits ou très scolaires) je me suis orienté vers une école d'ingénieur en informatique. L'autonomie et les capacités de création qu'offre la programmation m'ont toujours fasciné.
Je transmets aujourd'hui ces compétences aux enfants et adolescents qui partagent cette envie de créer et d'être maîtres de leur ordinateur. Avec les enfants, on est toujours à la recherche de projets ludiques. Ensemble on relève les défis qu'amène la programmation de leurs jeux vidéo et le mois d'après on s'embarque dans la construction d'un robot, en somme on ne s'ennuie jamais ! Dans ce métier on doit rester au courant des dernières technologies et trouver comment les expliquer pour permettre aux plus jeunes de rendre réels leurs projets les plus fous. Transmettre ce pouvoir de création aux enfants est intellectuellement stimulant mais la vraie récompense est leur regard quand ils arrivent à faire marcher leur programme.