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Module 123 Codez | Informatics and Digital Creation

Projet « Cryptographie » – Séance 7 La cryptographie, amie ou ennemie


1, 2, 3, codez ! - Activités cycle 4 - Projet « Cryptographie » - Séance 7 : La cryptographie, amie ou ennemie ?

Discipline dominante

« Atelier philo »

Résumé

Les élèves participent à un « atelier philo » portant sur les enjeux actuels de la cryptographie. Faut-il autoriser la cryptographie, au risque d’empêcher les agences de sécurité de faire leur travail ? Faut-il l’interdire, au risque de voir disparaître notre vie privée ?

Notions

« Enjeux sociétaux »

  •  L'autorisation ou la restriction de la cryptographie fait débat dans de nombreux pays.
  •  L'utilisation de la cryptographie inquiète de nombreux gouvernements qui souhaitent pouvoir intercepter les communications pour des raisons de sécurité.
  •  Les récentes révélations d’écoutes à très grande échelle mobilisent des citoyens inquiets du respect de leur vie privée.
  •  La sécurité et la confidentialité des communications sont essentielles au fonctionnement de notre économie.

Matériel

Pour chaque élève

Pour la classe

  •  Fond documentaire préparé à l’avance (cf. « préparation », ci-après)

Préparation de l’atelier philosophique

Le professeur organise cette séance de façon particulière, sous la forme d’un « atelier philo ».
Idéalement, il est assisté du professeur documentaliste qui, en plus de guider les élèves dans leurs recherches documentaires, co-anime le débat. Sa position « extérieure » peut aider à l’expression de l’opinion de chacun et garantir le respect de cette opinion.
L’objectif d’une telle séance n’est en effet pas d’aboutir à une conclusion tranchée que chacun sera tenu d’adopter, mais de faire prendre conscience aux élèves de la complexité du dilemme auquel sont confrontées nos sociétés actuelles et de leur permettre de se forger une opinion argumentée.

Notes pédagogiques

  •  Différentes méthodes existent pour mener un atelier philosophique en classe. Celle qui est utilisée s’inspire de la méthode AGSAS-Lévine© qui est présentée dans l’ouvrage L’enfant philosophe, avenir de l’humanité ? de Jacques Lévine paru chez ESF Éditeur.
  •  Pour la préparation de cette séance, les deux professeurs auront sélectionné quelques ressources documentaires (notamment articles de presse) afin de nourrir la seconde étape du travail. Les sources ne manquent pas. En 2015, par exemple, David Cameron a souhaité faire interdire le chiffrement en Angleterre. Cette même année, la France a voté la loi sur le renseignement qui oblige toute entreprise fournissant un service de chiffrement à communiquer au gouvernement les clés de déchiffrement en cas de demande.

L’organisation de la salle doit refléter le caractère particulier de cette séance :

  •  Les chaises sont placées en cercle de façon à aménager un espace de parole (les tables sont repoussées à l’extérieur du cercle, contre les murs de la salle)
  •  Les élèves prennent place sur ces chaises, dans le cercle.
  •  Les professeurs se placent en dehors du cercle : ils n’interviennent pas au cours de l’atelier.

Rappel des règles de l’« atelier philo »

Que les élèves aient déjà expérimenté ce type de travail ou non, le professeur explique ou fait rappeler aux élèves le déroulement et les règles inhérentes à l’ « atelier philo » :

  •  Le professeur énonce le thème de l’atelier et chacun réfléchit pendant une minute [d13][d14]à l’avis qu’il a sur cette question. Puis, les élèves disposent de 9 minutes pour s’exprimer sur le sujet, temps au cours duquel le professeur ne prend pas la parole. Un dispositif d’enregistrement est placé au centre du cercle car l’ « atelier philo » sera ensuite transcrit (sans indiquer les prénoms des personnes qui s’expriment) et distribué à chacun.
  •  Les élèves sont libres de dire ce qui leur passe par la tête, tout en essayant de prendre de la hauteur par rapport au sujet. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. L’ « atelier philo » est l’occasion de penser par soi-même, d’observer le cheminement individuel et collectif de la pensée.
  •  On ne peut s’exprimer que lorsqu’on a le « bâton de parole ». Celui-ci passe de main en main et il n’est pas obligatoire de dire quelque chose quand il arrive jusqu’à soi. Si l’élève n’a pas envie de parler, il transmet le bâton de parole à son voisin.
  •  Une des règles fondamentales est le respect de la parole d’autrui. On a le droit de ne pas être d’accord avec quelqu’un, mais on n’a pas le droit de se moquer ou de juger ce qui a été formulé, ni de parler avec vulgarité. On doit écouter ce que disent les autres.

Une fois ces règles énoncées, le professeur peut demander si certains élèves ne se sentent pas capables de les respecter, auquel cas ils sont priés de sortir de l’espace de parole. Ils ne seront alors pas autorisés à intervenir pendant l’atelier.

Déroulement de l’atelier

Le professeur annonce le thème de l’atelier : faut-il autoriser l’usage, par tout un chacun, des outils de cryptographie ?

Pendant que les élèves réfléchissent quelques instants, le dispositif d’enregistrement audio est déclenché. Le professeur demande qui veut commencer et donne le « bâton de parole » à l’élève qui souhaite s’exprimer en premier, puis sort de l’espace de parole. Il peut aussi, s’il le souhaite, donner ce bâton de parole à un élève au hasard.
Le bâton passe de main en main. Chacun parle à son tour s’il le désire jusqu’à ce que le temps imparti soit écoulé.
À la fin des 10 minutes, l’enseignant demande si les élèves qui ne se sont pas exprimés pendant l’atelier souhaitent le faire, puis si certains veulent donner leur ressenti par rapport au déroulement de l’atelier : qualité de l’écoute, intérêt de ce qui a été formulé, etc.

Aller plus loin : examen des arguments du débat public sur le chiffrement

Après le déroulement de l’atelier proprement dit, les professeurs reviennent dans le cercle et proposent aux élèves d’écouter l’enregistrement.
Les professeurs proposent aux élèves de lire quelques documents choisis à l’avance (coupures de presse, voir la note pédagogique en début de séance…).
Voici un recueil des arguments pour ou contre les plus fréquemment rencontrés dans le débat public sur la cryptographie et la surveillance.

 Arguments pour l’interdiction (ou la limitation) des outils de cryptographie :

  •  Prévention des actes terroristes : les services de sécurité ont besoin de pouvoir espionner les emails, sms, appels téléphoniques… des personnes suspectées de vouloir commettre des actes terroristes, afin d’empêcher ces actes ou de trouver les responsables après coup.
  •  Disparition des réseaux criminels : de nombreux réseaux organisent leurs activités criminelles via Internet : trafic d’armes, trafic de drogue, trafic d’êtres humains, pédophilie… Espionner les communications permet de démanteler ces réseaux.
  •  Certaines législations prévoient un compromis en autorisant la cryptographie mais en obligeant les prestataires des services de cryptographie (comme, par exemple, les agences qui délivrent les clés publiques et privées) à fournir tous les renseignements nécessaires aux services gouvernementaux.
  •  « Ceux qui n’ont rien à cacher n’ont pas besoin de crypter leurs communications ».

 Arguments pour la légalisation (et même l’encouragement) des outils de cryptographie pour le plus grand nombre :

  •  Les terroristes et réseaux criminels utilisent déjà les outils de cryptographie à même de protéger leurs communications. Interdire l’accès à ces outils par le grand public revient à restreindre les libertés sans pour autant lutter efficacement contre les criminels.
  •  L’analyse de trafic permet déjà d’exploiter de nombreux renseignements grâce aux métadonnées (savoir qui a communiqué avec qui, quand, combien de temps, etc.) sans qu’il y ait besoin de connaître le contenu des messages.
  •  La cryptographie est la seule façon de garantir le respect de la vie privée à une époque où toutes nos données personnelles transitent par des serveurs informatiques. La convention européenne des droits de l’homme reconnaît d’ailleurs que le respect de la confidentialité des communications est un droit.
  •  Le développement du commerce, et plus généralement le bon fonctionnement de l’économie, nécessite que les personnes (ou entreprises) puissent communiquer de façon confidentielle en toute confiance. Sans cryptographie, tout le monde pourrait pirater une carte bancaire, ou usurper une identité et ainsi recevoir des renseignements (ou de l’argent) à la place de quelqu’un d’autre.
  •  De nombreuses professions (journalistes, avocats, huissiers, médecins, cadres commerciaux…) sont tenus au secret professionnel et doivent crypter leurs données de façon à empêcher la divulgation d’informations confidentielles sur le web ou dans la presse.

Conclusion

Quel que soit le positionnement de chacun, à la fin de cette séance, sur la nécessité de libérer le chiffrement ou au contraire de l’interdire (ou, cas intermédiaire, de le limiter et l’encadrer), les élèves et professeurs discutent de la façon dont ils peuvent, eux, protéger leurs propres données.
Cette discussion finale peut se faire à l’aide d’un document, comme par exemple celui élaboré par la CNIL (particulièrement bien adapté à un public adolescent), que l’on trouve sur la Fiche 10.