Eclairage pédagogique – L’informatique et TICE, pour ne pas les confondre
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Les TICE : importantes, mais pas suffisantes
Au cours de ces 3 dernières décennies,
la présence de l’informatique dans les enseignements s’est focalisée sur
l’apprentissage de l’utilisation d’outils tels que l’ordinateur, la
tablette, et quelques logiciels courants : le traitement de texte, le
tableur, le navigateur web, etc.
Cette approche centrée sur les usages est celle des Technologies de
l’Information et de la Communication pour l’Enseignement, ou TICE. Elle
présente un intérêt certain puisqu’elle permet aux enfants d’acquérir
des compétences utiles dans de nombreuses disciplines scolaires ou dans
la vie quotidienne, qu’il s’agisse de chercher de l’information,
communiquer, calculer…
Aller au-delà d’une simple utilisation : comprendre l’informatique
Cependant, l’approche centrée sur les
usages ne prépare l’élève qu’à utiliser des outils standards sans
comprendre les principes qui sous-tendent leur fonctionnement. L’élève
ne s’en trouve ni équipé pour adapter les outils existants à ses besoins
spécifiques, ni préparé à s’adapter aux évolutions rapides de ces
outils, ni formé à imaginer et à créer de nouveaux outils. Ce sont
pourtant ces compétences qui le rendront acteur du monde numérique qui
l’entoure, plutôt que simple utilisateur.
L’informatique n’est pas qu’un ensemble d’outils, c’est une science,
qui possède son histoire et ses concepts (largement racontés et
détaillés dans l’éclairage scientifique, pages 6 et suivantes). En tant
que science, l’informatique a toute sa place dans les enseignements, au
même titre que la physique ou la biologie. Par ailleurs, les compétences
travaillées en informatique, comme dans les autres sciences, concourent
à développer chez l’enfant l’autonomie, la prise d’initiative, le
raisonnement, la créativité, etc.
Les concepts de l’informatique survivront aux outils d’aujourd’hui, et
leur maîtrise accompagnera durablement les élèves, tout au long de leur
vie professionnelle et citoyenne. À titre d’exemple : nous jugeons plus
formateur de guider les élèves dans la découverte de la façon dont sont
encodées les images, au cours d’activités débranchées (pixellisation
manuelle d’images) et branchées (création de petites images numériques)
que de se contenter de les entrainer à manipuler des images numériques à
l’aide de logiciels sophistiqués utilisés comme des boîtes noires. Ces
logiciels seront bien mieux utilisés si les élèves ont compris les
notions sous-jacentes comme le codage de l’information, le pixel, la
résolution, la compression….
Il en est de même pour les notions propres à l’algorithmique, à la
programmation ou à la robotique. Leur maîtrise donne du sens à l’usage :
un élève ainsi initié à ces concepts ne verra plus jamais du même œil
son logiciel de traitement d’images, son tableur et tout autre logiciel,
ou même un robot ménager.
En un mot, aborder l’informatique en tant que science n’exclut pas les TICE, mais se limiter aux TICE nous semble une vision très réductrice de l’informatique.
Extrait de "1, 2, 3... codez !", Editions Le Pommier, 2016-2017. Publié sous licence CC by-nc-nd 3.0.