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Oeuvre numérique et modèle économique

De la valeur d’une œuvre d’art.  Dans le monde physique, une œuvre d’art a un caractère unique, non-reproductible : il n’y a pas deux originaux du tableau de la Joconde. Cette unicité lui confère une valeur intrinsèque, qui implique sa conservation dans un musée ou une collection privée. Quant à sa valeur marchande, elle dépend souvent de facteurs externes : les critères de l’époque, les lois du marché des objets d’art. Cette valeur ne devrait pas interagir avec la valeur esthétique de l’œuvre d’art, mais souvent … On vit aussi avec l’idée que le style d’un artiste qui devient célèbre, va permettre à l’artiste de vivre de son art, voire en ne travaillant que quand cela lui va.

Source : Qu’est ce que la valeur d’une œuvre d’art ?

La fracture avec une œuvre numérique. Tout cela n’a plus court avec le numérique, car l’œuvre numérique est immédiatement reproductible à coût quasiment nul. Il est vrai que pour une œuvre littéraire, on duplique le livre, mais le rattachement de l’œuvre à un objet physique permet d’en faire un bien marchand. C’est le cas de toutes les œuvres enregistrées. Avant le numérique, toutes les œuvres avaient un support spécifique (le disque pour le son, la pellicule photo pour l’image, etc.), maintenant toute l’information se code en binaire, donc se mémorise, se duplique, se transmet, se chiffre pour la rendre secrète, s’indexe pour la retrouver dans de grandes bases de donnés avec des outils similaires, comme l’illustre l’image ci-contre extraite de la conférence inaugurale de Gérard Berry, Pourquoi et comment le monde devient numérique. L’olfaction semble le seul sens à ne pas facilement se voir refléter numériquement, la robotique (capteurs de force (dit haptiques), objets programmés, etc.) permettant aussi d’interférer avec le sens du toucher.

Ce n’est donc plus la reproduction de l’œuvre qui permet de gagner de l’argent. On peut même penser que c’est une très bonne chose, car cela permet d’accéder sans coût à la reproduction de tous les biens culturels du monde. Bien entendu, les arts vivants (théâtre, performances d’artistes, etc.) échappent à cette uniformisation, sauf que l’enregistrement vidéo permet d’accéder de manière partielle aux contenus.

Comment gagner de l’argent avec un bien gratuit.

On peut, bien entendu, empêcher les personnes qui ne le paient pas de consommer un bien, même si cela ne coûterait rien de plus de les laisser le consommer, ceci de façon à garantir un revenu. Mais on peut aussi inviter chacun à payer ce qu’il est prêt à payer pour ce bien (comme un spectacle à accès libre avec un « chapeau »), ou ce qu’il mérite de payer (tarifs variables selon les personnes).  On peut distribuer ce bien gratuitement, car cela crée de la demande pour un bien rival (une vidéo gratuite d’une chanson pour donner envie de venir au concert) ou permet de gagner de l’argent autrement (par exemple avec de la publicité ou en collectant vos données). On peut encore faire payer tout le monde, consommateur ou non, par le biais de financements publics. On peut enfin échanger le bien, non contre de l’argent mais contre un autre bien ou service (par exemple, en faisant participer les personnes à l’organisation du spectacle).

Le crowdfunding. Depuis sa naissance en 2006, Le crowdfunding est devenu une composante importante de la nouvelle économie du web. Et ça marche ! 60 % des projets proposés au financement selon ce principe réussiraient à éclore selon le site français KissKissBankBank (KKBB), qui affiche 2 562 succès en 3 ans et 4,3 millions d’euros collectés. Ce type de financement a par exemple doublé en 2012. Selon une étude de Crowdfunding.com, près de 1,5 milliard de dollars ont été levés en 2011 tous pays confondus pour plus d’un million de projets aboutis et les financements récoltés par ce moyen atteindraient 5,1 milliards de dollars en 2013.

On va très simplement sur un site spécialisé, on y présente son projet (quoi, pourquoi), on y met un prix et un temps pour récolter les fonds nécessaires à sa réalisation. Si on arrive à collecter ces fonds, on produit, sinon l’argent retourne aux contributeurs.

Imaginez que vous voulez réaliser un court métrage artistique pour lequel il vous faut 40.000 euros. Si vous avez 200 ami-e-s sur Facebook (la moyenne est à un peu plus de 300) et que chacun de ces amis a 200 ami-e-s. Alors vous avez environ 200 x 200 = 40 000 ami-e-s d’ami-e-s (si on oublie les doublons). Si votre projet plaît aux amis d’amis et que chacun donne 1€ alors votre film est financé.

L’un des atouts remarquables du crowdfunding ou financement participatif, c’est de permettre des transactions mettant en relation des personnes physiques, ce qui permet une relation financière basée sur d’autres critères que la recherche unique de profit. Ainsi, la finance participative est parfois un bon moyen de favoriser l’entraide, ou bien pour une entreprise, de communiquer tout en levant des fonds. Certaines plateformes de crowdfunding vont plus loin que la simple levée de fonds, et constituent un moyen de tester son idée auprès d’une communauté d’internautes. Ainsi le porteur de projet peut tester la faisabilité de son projet et de pré-vendre ses produits ou services auprès d’une communauté qui saura le soutenir.

Sources: Le manuel ISN de Dowek et al, page 150. , Le projet Isoloir, Annexe 2.

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