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Apprendre en faisant : particularités de l’enseignement de l’informatique, un enseignement de l’égalité des chances.

Des jeunes qui ont du mal à exprimer leur pensée à travers une rédaction, ou à accéder à des abstractions mathématiques, sont parfois très bons en informatique. Pourtant, ce n’est pas simple et et il y a de vraies abstractions à s’approprier*. Alors pourquoi cette réussite ? Plusieurs raisons pédagogiques expliquent cet effet levier :

– L’informatique conduit à un apprentissage de la rigueur par un mécanisme spécifique : celui des essais-erreurs avec une machine « neutre » qui ne donnera un résultat satisfaisant que si tout est correct, mais qui donnera indéfiniment une chance de corriger, de reprendre, de re-tester (la machine est un outil qui permet d’apprendre de manière incrémentale, sans jamais porter de jugement de valeur). L’ordinateur ne juge pas.

– L’informatique se prête à une pédagogie participative, avec un enseignement par mini-projets qui peut être moins magistral, plus orienté vers le travail en groupe. Apprendre à programmer un petit logiciel, c’est donner à l’élève des clés, mais aussi la liberté de s’approprier ces clés et de les mettre en pratique de manière diverse (il y a plusieurs possibles dans la manière de mettre en œuvre la solution). C’est aussi une sorte de pâte à modeler les abstractions.

– L’informatique favorise l’apprentissage par l’utilisation, ce qui correspond bien à l’esprit humain (ex : découvrir un algorithme avant d’en abstraire la notion sous-jacente), et peut ouvrir des portes à quelqu’un rebuté par une approche plus académique. L’informatique est un objet que l’on s’est pré-approprié, depuis la génération Y. On peut à travers un exemple logiciel naviguer entre un exemple illustratif et un un concept plus général. En fait, la pensée informatique se relie facilement à notre façon de penser au quotidien.

Une dernière raison plus sociétale rend le numérique attractif. Disons le « cash » : Si un élève est « pas assez bon pour le lycée général, il va dans un lycée technique/professionnel », bref pour un métier « manuel » où « on se salit les mains ». Mais l’informatique et le numérique échappent à cette fracture scolaire, car c’est à la fois une discipline technique mais aussi très sophistiquée intellectuellement, c’est un métier qui est vu comme manuel, mais où on se salit pas les mains ; c’est donc une filière où il y a moins ce phénomène de castes, ou chacune et chacun trouve un métier à son goût, à tous les niveaux scolaires.

 (*) Note : L’informatique est un levier pour les sciences car elle permet de mieux comprendre des notions universelles (par exemple la notion d’information) ou fondamentales (par exemple le calcul « mécaniste » par opposition à d’autres formes de raisonnement). L’informatique fait aussi entrevoir aux jeunes l’immense intérêt des sciences théoriques qui permettent de « toucher » (opérer avec, énumérer, visualiser…) des objets abstraits (si l’informatique est une forme de mathématiques, alors il s’agit de mathématiques « incarnées »). Enfin l’informatique offre la découverte de notions nouvelles (ex : suites aléatoires, fonctions récursives).

 Références :

  1. L’enseignement de l’informatique en France; il est urgent de ne plus attendre.  Rapport de l’Académie des sciences, mai 2013.

  2. Enseigner l’Informatique, Werner Hatmann, Springer France, 2012

Dernière modification : décembre 2017.
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