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  2020, 11 novembre . Numérique et société . Lycée . Enseignement supérieur . Parents . Éducateurs . Professeurs des écoles . Livre . Professeurs du secondaire . . .

Les marchands de Doute (Naomi Oreskes/Erik M. Conway) : petit digest

Ce livre résonne particulièrement en ces temps de crise sanitaire. Ces temps où les scientifiques paraissent les plus à même d’apporter des réponses à nos questions, où les scientifiques alertent et conseillent les politiques, des politiques qui ménagent la chèvre économique et le choux opinion publique. Et des médias frileux et plus soucieux de faire le buzz que d’informer le citoyen.

Les auteurs de ce livre, deux historiens des sciences, sont eux clairement soucieux de l’exactitude de leurs propos. Ce livre extrêmement bien documenté (les notes sur les sources utilisées couvrent près de 70 pages)  ne se lit pas comme un roman, mais sa lecture en vaut la peine. Elle éveille une rage face à ces « marchands de doute » et une forte envie d’agir pour changer la donne.

On savait que les scientifiques avaient tenté d’alerter les politiques, qu’il s’agisse de la dangerosité du tabac, de la destruction de la couche d’ozone ou du dérèglement climatique ; on savait que la partie avait parfois été gagnée de longue lutte … Ce qu’on ne savait pas, c’est qu’une même poignée d’anciens scientifiques, quatre principalement, avaient utilisé leur notoriété et leur influence auprès des politiques et des médias pour faire douter du consensus scientifique.  Qui sont-ils et en quoi consiste la « stratégie du tabac » ? Comment œuvrent-ils et qui les aident ? C’est ce que l’on apprend avec force détails à la lecture de ce livre qui nous confronte au pouvoir de nuisance de certaines minorités.

C’est aussi un plaidoyer pour la démarche scientifique et la procédure d’évaluation par les pairs : « nous devons faire confiance aux experts  scientifiques sur les sujets de science parce qu’il n’y a pas d’autre alternative crédible ».

Si les auteurs tentent d’expliquer les erreurs des  « journalistes furent abusés par la stature de ces hommes et nous sommes tous abusés par l’hypothèse qu’une personne très forte dans un domaine est forte en tout », ils critiquent sans ménagement les médias, qui sous couvert d’impartialité relayent plus volontiers la parole d’une minorité de contestataires que celle d’un consensus scientifique.

Bien que le dernier des protagonistes de cette histoire, Fred Singer, soit décédé le 5 avril dernier, certains, et non les moins influents, continuent à douter du réchauffement climatique. La conclusion ultime laisse la parole à un autre « marchand de doute », Bill Nieremberg, qui « dans un moment de candeur » s’exprima ainsi : « Au fond de vous-même vous savez bien qu’il est impossible 25 millions de tonnes de sulfate par an dans le Nord-Est et ne pas vous attendre à quelque conséquences ».

Martine Olivi

Ressources complémentaires :

Issues de la chaine youtube ScienceEtonnante :

France Culture :

 

Dernière modification : novembre 2020.
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